Amédée VII, dit le Comte rouge (24.02.1360 - 02.11.1391)


C'est sous la tutelle de sa mère qu'Amédée VII succéda (en 1383) à son père. Il avait alors vingt-trois ans. C'est ainsi qu'en avait décidé Amédée VI sur son lit de mort.

Amédée VII a épousé, en 1377, une princesse française de sang royal, Bonne de Berry, fille du duc de Berry. Cette dernière n'eut jamais qu'un rôle effacé à la cour.

Le nouveau Comte, bien exercé au métier des armes, l'était sensiblement moins aux affaires politiques. Celui que son goût pour les vêtements et parements écarlates et son épée et son armure souvent ensanglantées fit appeler le "Comte Rouge" ne régna que huit années. Ce temps fut marqué surtout par la personnalité de la comtesse mère et par celle d'importants seigneurs vaudois attachés à sa cour, Guillaume de Grandson et son fils Oton, le chevalier-poète, ainsi que Louis de Cossonay.

Comme son père, il dut guerroyer avec des troupes vaudoises en Valais. De même, après quelques jours de siège, Sion fut prise d'assaut et détruite le 20 août 1384.

Son seul titre de gloire est d'avoir obtenu un débouché sur la mer, pour son comté.

Louis d'Anjou ne peut payer une dette contractée envers son père, le Comte Vert. Avec la complicité de la famille des Grimaldi, Amédée VII devient alors, en 1388, protecteur des terres du comte d'Anjou: Barcelonnette, Nice et ses environs.

Trois ans plus tard, le comté de Nice lui jure fidélité.

En 1391, au cours d'une chasse au sanglier dans la forêt de Lonnaz, près de Thonon, Amédée VII fait une chute de cheval. Il ne se remet pas de sa blessure et meurt le 2 novembre au château de Ripaille.

C'est le début du "Drame de Ripaille" qui eut un grand retentissement dans le Pays de Vaud. Le bruit couru que le comte avait été empoisonné par son médecin, un dénommé Granville.

Bonne de Bourbon, nommée régente par son fils mourrant fut accusée d'avoir été l'instigatrice de sa mort afin de satisfaire son ambition de pouvoir. On enveloppa dans la même suspicion Oton de Grandson, objet de la jalousie des courtisans.

Les accusations contre la comtesse-mère ne furent pas retenues, mais son autorité sortit ruinée de cette affaire. L'illustre veuve du Comte Vert dut abandonner la régence et s'exiler en Bourgogne, où elle mourut dans l'oubli en 1405.

La vindicte publique se tourna toute entière contre Oton de Grandson, incriminé de félonie. Il dut fuir le pays, ses biens furent confisqués.

Il crut pouvoir rentrer au pays en 1396, après que Granville eu rétracté toutes ses accusations (extorquées sous la torture par le duc de Berry, beau-père d'Amédée VII) sur son lit de mort.

Cependant ce retour réveille les passions dans le Pays de Vaud au point qu'un seigneur vaudois, Gérard d'Estavayer, demande à le combattre en duel pour venger la mort de son prince.

Les deux ennemis furent assignés en duel le 7 août 1397 à Bourg-en-Bresse, devant le jeune Amédée VIII.

Oton de Grandson y trouva la mort.

Mais avec lui avait disparu, de manière étrange et ignominieuse, le premier grand poète que le Pays de Vaud ait vu naître. En France, en Angleterre et en Bourgogne, il s'était acquit une réputation brillante par ses faits d'armes et sa courtoisie.

En dehors de la Savoie, refusant de croire à son crime, on honora sa mémoire.


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