AMÉDÉE VIII "le paisible" (04.09.1383-1451)
comte (1391-1416) puis duc de Savoie (1416-1439) puis Pape (1439-1449)


C'est le fils du Comte Rouge, Amédée VIII qui fut nommé à la tête de la Maison de Savoie à l'âge de 8 ans, sous l'autorité d'un Conseil de régence, où figuraient sa grand-mère Bonne de Bourbon, la veuve d'Amédée VI le Comte Vert, Louis de Cossonay, Oton de Grandson et le seigneur savoyard Aymon d'Apremont.

En 1398, Amédée VIII dirigea seul le comté de Savoie. Il eut un règne long et riche en rebondissements. Grâce à son excellent sens de la diplomatie qui semblait être un éternel héritage chez les comtes de Savoie, il remplaça fréquemment les armes par la négociation et sut agrandir et développer harmonieusement et passivement un Etat qui posséda bientôt un poids important dans la politique européenne de l'époque.

Le comté était tombé sous la tutelle du duc de Bourgogne, Philippe le Hardi. Pour s'en libérer, Amédée VIII se marie avec la fille de Philippe le Hardi, Marie de Bourgogne en 1401. La même année il annexe définitivement le Genevois (après l'extinction de la famille comtale) et acquiert Annecy.

Intervenant dans le Milanais, il parvient à prendre des terres aux Visconti.

En 1416, l'empereur Sigismond est reçu magnifiquement à Chambéry; en récompense de cet accueil, il transforme le comté en duché de Savoie : le comte est fait duc.

En 1419, quand meurt, sans héritier, son cousin Louis d'Achaïe, il annexe le Piémont définitivement. La dynastie de Savoie dispose désormais, avec Turin, d'une seconde capitale en Italie.

L'expansion atteint son point ultime avec l'annexion de Chivasso et Settimo, arrachés au Montferrat, dont le marquis se reconnaîtra vassal du duc (1435).

La cour de Savoie est à son apogée: miniaturistes, peintres, musiciens se pressent ; le livre d'heures du duc de Berry est terminé en Savoie.

Dans l'organisation intérieure de l'État, le duc fait merveille également: en 1430, Amédée VIII promulgue les statuts de Savoie, qui unifient les lois et les coutumes en diverses parties du duché, et qui centralisent et réorganisent l'administration, la justice et le gouvernement. Il fonde également l'université de Turin.

A Ripaille, il fait agrandir le château par la construction de 7 tours et de 7 appartements; il y crée un prieuré en souvenir de la mort de son père.

Après la mort de la duchesse Marie de Bourgogne, qu'Amédée aimait si tendrement, puis de son fils aîné, mort encore jeune, alors qu'il montrait de réelles qualités de gouvernement, le duc éprouva une sorte de dégoût du monde, une lassitude des grandeurs et des honneurs. Subitement, en 1431, AmédéeVIII décide d'abandonner le pouvoir Pourtant, en pleine gloire, en pleine puissance, admiré et aimé de tous, et connaissant une réelle prospérité, le duc quitte la cour de Chambéry et décide de se retirer à Ripaille pour mener dans l'ermitage qu'il y avait fondé, l'ordre de St-Maurice, une vie de méditation et de prière, sans toutefois abandonner complètement la réalité du pouvoir. Dans cette préretraite le duc, entouré de six conseillers bien expérimentés qui partageaient sa vie d'ermite, conservait la plénitude de ses attributions, ne laissant à son autre fils Louis, nommé lieutenant-général, que les apparences du pouvoir. Cinq années se passèrent ainsi au cours desquelles "le doyen de Ripaille sous son froc, n'apparaissait pas moins redoutable que le duc sur son trône".

Il arriva bientôt un nouveau coup de théâtre : le concile de Bâle, en lutte ouverte avec le pape Eugène IV déposa soudain le souverain pontife et fit élire, pour s'opposer à lui, Amédée, choisi pour ses qualités, son rang de chef d'Etat et sa parenté avec de nombreuses familles régnantes d'Europe. Amédée VIII abdiqua alors en 1439 abandonnant l'Etat qu'il avait rendu si fort à son fils Louis Ier, une personnalité contrastant avec son père par son incapacité et sa faiblesse.

Cette attitude de renoncement impressionne l'Europe : le concile de Bâle fait de lui le dernier des antipapes, sous le nom de Félix V en 1439. Il est intronisé le 23 juillet 1440 dans la cathédrale de Lausanne.

En 1449, il cède sa tiare à Nicolas V pour mettre fin au schisme, mais il gardera le titre de cardinal et celui d'évêque de Genève.

Il se retire alors définitivement à Ripaille et à Genève où il meurt en 1451. Son corps déposé d'abord à Ripaille, fut transféré par Emmanuel-Philibert en la cathédrale de Turin et de là au XIX° siècle en la chapelle du Saint-Suaire à l'initiative de Charles-Albert.


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