17 - La CROIX-ROUSSE, brève histoire :  Les rues et les traboules.
3 – Les traboules.



(Pour ceux qui seraient déjà à court de lecture !)
 

Il n’ est pas possible d’évoquer les rues du quartier des Pentes sans évoquer aussi les traboules.

 

« Traboule » voilà un mot bien lyonnais même s’il désigne une chose que l’on peut retrouver, sous d’autres dénominations, ailleurs qu’à Lyon.

Une “traboule » c’est, à l’intérieur d’un pâté de maisons, un passage, une allée, un raccourci, permettant  de passer d’une rue à l’autre.

D’ailleurs, en passant par le franco-provençal “tra boulare“, notre mot ne vient-il pas du latin  “trans ambulare“ qui signifie  “passer à travers“ ?

 

Si les traboules ne sont pas une exception lyonnaise car nous en trouvons sous d’autres noms, par exemple à Chambery, à Nantes, à Troyes, à Sisteron (les andrônes) ,  à Besançon (les trages) et aussi dans notre région, à Saint Etienne (79 traboules dans le centre ville !) ou à Villefranche (les traverses), Lyon peut néanmoins être reconnue, excusez-moi,  comme la “reine“ des traboules. En effet, René Dejean, auteur de “Traboules de Lyon, histoire secrète d’une ville“ n’en dénombre pas moins de 315 !

 

Il faut avouer que ces traboules s’harmonisent bien avec un certain caractère lyonnais qui ne craint pas la discrétion, sinon le mystère. Et allez savoir ce qui pouvait (et peut encore) se tramer dans ces endroits sombres et labyrinthiens ?

 

Les premières traboules se situent naturellement dans le Vieux Lyon  où l’on en trouve 51. Là, au Moyen âge, elles permettaient de communiquer entre les deux longues rues du Bœuf et Saint Jean et d’accéder aussi à la Saône en passant sous les maisons qui la bordait sans discontinuité. Ainsi on pouvait accéder tant à l’eau de la rivière qu’à celle des puits qui se trouvaient dans les cours intérieures.

Nous trouvons aussi des traboules dans la Presqu’île, pas moins de 115.

Mais si le Plateau de la Croix-Rousse n’en a que 9, c’est certainement notre quartier des Pentes qui est le champion de la traboule : René Dejean en dénombre là 140 !

 

Si les lyonnais ne craignent pas les chemins de traverse, c’est qu’ils ont aussi un sens pratique affirmé !

Je ne sais pas si, au chapitre précédent, j’ai su rendre la vie qui animait ce quartier, mais pour en avoir une idée il faudrait évoquer, le soleil en moins, celle des souks des villes d’Afrique du Nord, de Fès par exemple… Nulle part ailleurs je n’ai autant eu la sensation d’un “grouillement humain“ !

Je m’explique :

La soie se tissait sur les hauteurs et les différentes étoffes se commercialisaient en bas, aux Capucins ;  la  soie brute était reçue et préparée en bas, à la Condition des soies, et livrée en haut aux dévideurs pour aboutir en passant par les ourdisseurs, les plieurs, les caneteurs aux tisseurs…

Alors quoi de plus pratique pour les affaneurs et autres commis, de passer par les traboules qui leur permettaient d’éviter les embouteillages des rares montées, et de transporter la précieuse marchandise à l’abri des intempéries ?    Certes déambuler dans ce vaste “gruyère urbain“ avec balles ou pièces de soie sur le dos, en gravissant ou dégringolant dans la pénombre une multitude de marches, devait être assez sportif ! Mais sportifs, nos ancêtres l’étaient et ils l’étaient d’autant plus qu’ils ne le savaient pas !  Je les imagine éberlués en nous voyant faire du footing dans les rues pour nous maintenir en forme ou tout simplement pour… perdre quelques kilos !

 

On a  trop souvent dit  que ce réseau des traboules des Pentes avait été un lieu stratégique pour les résistants à l’occupation allemande des sombres années de la guerre, pour que j’insiste... Mais quel endroit rêvé (bien que le mot “rêvé“ soit assez mal choisi en la circonstance) pour des rencontres clandestines ou pour semer la gestapo qui surveillant une porte d’allée pouvait attendre assez longtemps ceux qu’elle traquait et appelait  “terroristes“, puisqu’ils avaient fui… par une autre issue.  Mais, sans toutefois l’oublier, laissons là cette triste époque.

 

Si un jour, muni d’une lampe de poche, vous aviez envie de  “trabouler“, vous trouverez facilement une brochure ou un plan vous indiquant quelques fameux itinéraires, mais n’attendez pas de moi que je vous décrive ici les 140 traboules !...

 

Voilà, j’espère n’avoir laissé personne dans ce dédale !

Je vous attends de toute façon la prochaine fois pour voir comment s’était équipé, sur le plateau, notre nouveau quartier des Canuts dans cette première moitié du XIX°.

 

A vous revoir mes belines et belins.

Passez une très bonne semaine.

 

Le Gone.


P-S Je n'ai pas bien le réflexe web, mais je trouve à l'instant, pour  les amateurs, quelques sites sur les traboules, si j'avais su !... :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Traboule#Localisation
et
http://vieux-lyon.com/photo.php?id=0
Il y aurait aussi :
http://traboule.free.fr/
ce dernier semblait prometteur, mais je n'ai pas su l'ouvrir !