2 - La CROIX-ROUSSE, brève histoire : L'ANTIQUITÉ



(Cela va particulièrement intéresser tous ceux qui ont trouvé des ancêtres à cette époque !)

Bonjour à tous, c'est le gone, merci pour vos messages, me revoilà !

A Lyon, il est d'habitude de tout faire commencer avec les Romains, comme s'il n'y avait rien eu avant.

Il est vrai que ces puissants colonisateurs ont laissé de très beaux restes.
Il est vrai que nos ancêtres les Gaulois, les Ségusiaves, se sont très bien laissés "intégrer", (mais attention, ne ranimons pas une  querelle que trop à la mode de nos jours !).


Il est vrai que ces Ségusiaves n'ont pas laissé beaucoup de traces, même si les journaux de ces jours derniers mentionnent  la découverte d'une quantité d'amphore du côté de Vaise  (Ce n'est pas d'aujourd'hui que l'on a parfois la pépie du côté de Lyon et que l'on aime bien s'humecter le corgnolon !)

Il reste cependant que lorsque,un peu avant J-C, Lucius Munatius Plancus, qui n'était pas un gone, pose ses valises (on disait à l'époque "impedimenta") sur la colline de Fourvière, il la nomme Lugdunum ! Il reconnaissait ainsi que c'était la colline du dieu LUG, dieu gaulois de la lumière, symbolisé par un corbeau (rien à voir avec les prêtres qui l'habiteront plus tard !).

Il reste aussi que notre bonne ville n'aurait jamais été ce qu'elle fut sans la présence des Ségusiaves, cousins d'Astérix, de qui nous tenons, nous autres les gones, un certain sens de la liberté, un certain esprit frondeur mais aussi un certain humour, pas vrai ?

Quand nous regardons la maquette de Lyon au II° siècle, exposée au musée archéologique de Fourvière, que voyons nous ?


La ville romaine, Lugdunum, magnifique, installée sur les hauteurs de Fourvière,

Une grande île entre le Rhône et la Saône, l'île des Canabae où se concentrent le commerce et les entrepôts. Le confluent était alors situé juste en dessous des Terreaux !

Et un gros bourg qui va nous intéresser aujourd'hui, c'est la ville gauloise de Condate (Condate en celte veut justement dire confluent), située rive gauche de la Saône, au pied de notre colline de la Croix-Rousse.

Et ces trois unités, formant une seule agglomération (centre et banlieue !), vivaient  en très bonne intelligence, profitant de leurs avantages mutuels.

Si, de Condate, la traversée vers les Canabae était aisée, le lien avec Lugdunum, quoique plus difficile, se faisait par un gué, puis certainement par un premier pont,  à l'endroit de notre pont du Change. Nous avons déjà vu qu'il y avait là, sur la Saône, des affleurements rocheux, supprimés au XIX°, facilitant passage et construction d'un pont… De là on pouvait gagner la ville haute par les chemins qui s'appelleront plus tard "Gourguillon" ou “Saint Barthélemy“ : A Lyon les côtes (surtout celles du Rhône ou du Beaujolais, c'est au choix) n'ont jamais fait peur, même au Baron des Adrets qui créera bien plus tard le Chemin Neuf  !

En effet, nos Romains assimilateurs, pas si fous que ça, avaient bien besoin de Condate et de ses artisans qui leur offraient les commodités de leur art. A Condate, il y avait des potiers, des verriers, des bronziers et sans doute quelques petits tisserands, ancêtres de nos canuts… on a retrouvé là une multitude de débris de poteries et des traces de fours qui devaient être alimentés par le bois acheminé par les bateaux qui naviguaient, déjà nombreux, sur  notre ancienne Araris :  nous avions là, bien située, l'une des première "zone industrielle" !

Si trois voies partaient de Lugdunum, au sommet de Fourvière, la quatrième, la voie du Rhin et de l'Helvétie partait de Condate. De là son tracé suivait celui de notre Montée des Carmélites qui s'est aussi appelée côte Saint Vincent. Bien sûr cette voie a été remblayée et le ravin qu'elle empruntait plus ou moins comblé, mais en 1854 des fouilles en ont dégagé un tronçon.

Condate était alors célèbre dans toutes les Gaules car tout à côté, au nord-est, sur les pentes avaient été construits des monuments très importants  pour Lugdunum devenue la capitale administrative de la Gaule.

Nous avions, entre notre Grand'Côte et notre montée Saint Sébastien, le sanctuaire des trois Gaules (la Lyonnaise, la Belgique et l'Aquitaine) où chaque première quinzaine d'août, le mois d'Auguste, les représentant des soixante tribus gauloises venaient participer au culte de l'empereur au cours de grandioses célébrations.

Il y avait là un monumental autel encadré de deux immenses colonnes de 14 mètres de haut, surmontées de victoires, c'est sans doute ces colonnes qui, coupées en deux, se retrouvent à Ainay pour soutenir le chœur de l'église.

Dans le sanctuaire devait être aussi exposées nos fameuses tables claudiennes. Une rue en garde le souvenir à l' endroit où Gribaud, marchand de Lyon, les découvrit dans sa vigne en 1528. Sur ces tables de bronze, les gaulois avaient gravé un discours prononcé en 48 par l'empereur Claude, un gone né à Lyon. Ce discours était très important pour nos Gaulois d'ancêtres puisqu'il leur donnait  l'autorisation d'accéder aux fonctions publiques (et sans passer par l' ENA!).

Mais à la fête religieuse, il fallait bien ajouter des réjouissances plus profanes. Aussi un amphithéâtre de 1.800 places avait été construit tout à côté, au bord de la voie du Rhin. C'est Julius Rufus qui, comme son nom ne l'indique pas, était Gaulois et grand prêtre fédéral, avait présidé à la construction. Perdu puis retrouvé à plusieurs reprises  nous pouvons avoir une idée de cet ouvrage dont un quart est maintenant dégagé place du Jardin des Plantes. Cet endroit est émouvant quand on songe que c'est là que furent immolés en août 177 nos premiers martyrs Pothin, Blandine et les autres.

Route, cours d'eau, artisanat, religion et jeux ont fait la prospérité de Condate et ici notre colline de la Croix Rousse puise ses racines antiques.

Et le reste des pentes, et le plateau  qu'en dire à cette époque ? – Eh bien rien, tout simplement!

Le plateau et le sommet des pentes n' a pas de sources, alors pas d'eau pas d'hommes (ni de femmes d'ailleurs)… rien sinon un important trafic sur la voie du Rhin et d'Helvétie sur laquelle étaient acheminées les denrées  venant de Provence ou d'Espagne…

Condate était alors  un trait d'union entre deux mondes, celui du nord et celui du sud.

Oui mais les belles époques ne durent pas toujours, dès fin du II° siècle, une série d'épreuves va s'abattre sur notre bonne ville.

Après la bataille, le combat des chefs  de 197, entre Septime Sévère et Albinus, Lyon qui prendra ici l'habitude de choisir le mauvais camp,  sera pillée et incendiée par les armées du vainqueur Séptime Sévère qui portait assez bien son nom…

Plus tard  différentes invasions barbares font encore des ravages :  Les alamans en 274 et 280 (les alamans pas les allemands, eux c'était dans les années 40 !), les Francs et les Saxons en 357… et puis Lyon va devenir burgonde aux environs de 470 jusqu'en 534.

Condate comme Lugdunum périclite et l'histoire va se faire plus discrète…

 Voilà, je ne sais pas si vous m'avez suivi jusqu' à la dernière ligne, mais c'est la faute du Marcus-Rochetus qui savait pourtant que j'étais bavard à regonfle !

A vous revoir mes belins et belines pour un prochain chapitre qui nous transportera au Moyen-Age !                                                                        

Le Gone