4 - La CROIX-ROUSSE, brève histoire : De la RENAISSANCE à la RÉVOLUTION


 

Bonsoir les gones, les gagas et autres chtis de tous les sexes !

 

J'espère que quelques-uns d'entre vous vont descendre, quelques instants, de leur arbre généalogique, même s'il se couvre de feuille surtout en hiver, pour monter à la Croix-Rousse et suivre le Gone dans la suite de son histoire ?…

Vous allez être contents les gones de la Croix-Rousse, car avec la Renaissance notre colline va commencer à bien émerger dans la géographie lyonnaise et le Gone aura à parler non seulement des pentes mais aussi du plateau !

 

En effet, à cette époque, Lyon va connaître un développement extraordinaire et, comme nous l'avons déjà vu, le développement de Lyon ne sera jamais neutre pour la colline. La Croix-Rousse, tout en gardant son indépendance et son originalité, saura en profiter, jusqu'au jour encore lointain du 24 mars 1852 où la ville réussira à englober le Plateau comme les faubourgs de Vaise et de la Guillotière sans pouvoir, pour autant, détruire l' âme et le caractère de ces quartiers, jusqu'à notre époque de bulldozer, de béton et de bagnoles.

(Eh oui chère Monique, vous aurez noté que les croix-roussiens comme les vaisois et les habitants de la Guille, quoique résistants, étaient quand même moins coriaces que les Villeurbannais !).

 

Alors commençons par regarder ce qui se passe à Lyon.

 

A la fin du Moyen-Âge, Lyon, qui avait des atouts avec ses artisans des métiers du textile, du cuir, du fer…, devient une place commerciale importante avec ses foires renommées dans toute l'Europe de ce temps. Nous en devons l'impulsion à ce grand roi que fut Louis XI, bien que nos études primaires ne nous l'ait pas montré sous un jour des plus sympathiques…

 

Là où il y a du commerce, il y a forcément des banquiers et nous les voyons accourir de Milan ou de Florence, comme les Guadagni, pour s'installer à Lyon.

 

Johannes Gensfleisch, dit Gutenberg, avait inventé la presse à imprimer en 1438 à Mayence en Rhénanie et rapidement Lyon devient une capitale européenne de l'imprimerie. En 1473, Barthélemy Buyer imprime le premier livre lyonnais et bientôt, vers 1490, on comptait près de trente imprimeurs sans parler des libraires et de tous les artisans du livre. Entre 1473 et 1500 un millier d'ouvrages verront le jour à Lyon, qui seront diffusés grâce aux foires.

 

Depuis longtemps on tisse à Lyon des draps de laine et de chanvre et, en 1456, Louis XI aurait bien voulu implanter aussi dans notre ville le tissage de la soie, mais les hésitations du Consulat firent échouer cette tentative au profit de Tours. Mais en 1536 Etienne Turquet obtient de François 1er le privilège de tisser des étoffes d'or, d'argent et de soie, et en 1545 est fondée la Fabrique lyonnaise. En 1553, 12.000 ouvriers vivent de la soierie à Lyon, surtout dans le quartier Saint Georges.

La renaissance économique du XVI° siècle à Lyon, s'accompagnera, comme dans toute l'Europe d'alors, d'une renaissance des arts et des lettres : Nous connaissons bien cela, c'est la Renaissance.

 

A cette époque Lyon devient aussi une véritable capitale du royaume et un lieu de séjour des rois.

Ceux-ci résidaient alors au Palais dit "de Roanne" dont nous avons très souvent parlé.

 

Nous sommes à l'époque des guerres d'Italie que mèneront, selon mes réminiscences scolaires, les trois rois  Charles VIII, Louis XII et François 1° :   mais je ne vais pas vous infliger le récit de ces guerres qui, entre 1494 et 1559, opposèrent la France au reste des puissances européennes de l'époque! 

Lyon, devenue prospère, va servir de base arrière pour les armées françaises et Louis XII, craignant alors une invasion de la ville par l'ennemi et particulièrement les Suisses, entreprend la construction de nouveaux remparts au nord de la presqu'île.

 

La question du lieu d'implantation de ces nouvelles fortifications s'était posée : Fallait-il simplement renforcer les fossés de la Lanterne ou ne fallait-il pas donner du champ à une ville qui se développait et se trouvait déjà un peu à l'étroit dans ses limites. Dans la première hypothèse, le Bourg Saint Vincent se serait encore trouvé en dehors des défenses et trop exposé.

 

Alors décision fut prise de construire ces nouveaux remparts bien plus au nord, au sommet des pentes.

Commencée en 1512, la construction dura un quart de siècle, les travaux connaissant des ralentissements durant les périodes calmes de la guerre. Le clergé prend en charge les travaux côté Saône, les marchands et les subventions royales  financent  le reste. Nous avons vu, il y a quelques temps, que les indigents valides de l' Aumône Générale étaient aussi employés à la construction.

 

Je laisse maintenant à Madame Josette Barre le soin de décrire ces nouveaux remparts :

« Les pierres nécessaires à la construction du rempart proviennent d'abord des carrières du versant ouest de la colline, puis de Saint Cyr au Mont d'Or, car elles sont jugées plus solides…

 

Ces fossés neufs, en opposition aux anciens fossés de la Lanterne, se composent d'une muraille longue d'environ 2 kilomètres, haute d'une dizaine de mètres et épaisse de plus de 2 mètres. A chaque extrémité s'élève un bastion en forme de tour : Celui de Saint-Clair est bordé par le Rhône; celui de Saint -Jean, par la Saône. Entre ces deux bastions court un mur ininterrompu dont le faîte est transformé en escalier sur le versant rhodanien. Six autre bastions de forme diverses flanquent ce mur Saint-Sébastien au nord. Ils sont précédés de fossés, tandis qu'au sud, des terre-pleins larges de 10 mètres longent le rempart, hormis sur les versants. Le passage de cette enceinte s'opère uniquement par la porte Saint-Sébastien qui sépare la Grande-Côte de son prolongement sur le Plateau, et un pont-levis permet de franchir les fossés. Tous les autres prolongements des montées sont désormais barrés et une seule petite porte permet aux piétons de la côte Saint-Vincent de franchir le mur pour se rendre à l'ouest du Plateau. »

 

Nous pouvons encore voir une version plus tardive (XVII°) et très bien conservée de la porte Saint Sébastien, cachée dans un recoin Est de la Place de la Croix Rousse

 

Cette muraille va séparer les pentes et le faubourg de la Croix-Rousse jusqu'à la date de sa démolition, sous Napoléon III,  pour laisser place au Boulevard.

 


 

Séparés, les deux quartiers de la colline vont connaître des développements différents.

Les pentes sortent du Franc-Lyonnais. Elles sont rattachées à la ville, elles sont soumises désormais à son administration, à ses taxes et à sa police.

Le plateau, gardant son indépendance et faisant toujours partie du Franc-Lyonnais dont il tire tous les avantages, va prendre un caractère bien particulier qui fait encore son charme actuel.

 

Mais il faut que le gone laisse à vos yeux le temps de se reposer !

Il vous dit à la semaine prochaine pour regarder comment, toujours avant la Révolution, vont se développer ces deux quartiers de notre colline.                                                       

 

Le Gone.