9 (2) - L' "Homme de la Roche" ce n'est absolument pas un ancêtre "Rochet", détrompez-vous !



Sous ce titre je voudrais simplement ajouter une note à mon dernier chapitre sur la Croix-Rousse.

Dans ce chapitre il a été fait mention de Cléberger et de la Belle Allemande. De qui et de quoi s'agit-il ?
Revenons un instant en arrière, au temps où des marchands et des banquiers italiens avaient aussi des propriétés sur les Pentes : Les Capponi que nous avons rencontrés entre la Grande-Côte, et la Montée Saint Sébastien, le Florentin  Nardy sur le domaine de la Tourette, le Milanais Russio propriétaire de la Giroflée, les Gadagne au Château Gaillard, les Mascrany sur le versant dominant le Rhône.
Avec eux, un riche marchand venu d'Allemagne et portant le nom de Cléberger, avait aussi, acquis, vers 1544,  une grande propriété sur le versant occidental du Plateau de la Croix-Rousse.
Désertées au XVII° par leurs propriétaires, toutes ces propriétés et tous ces domaines, comme nous l'avons vu, furent rachetés par des religieux.

Né en 1485 à Nuremberg, Cléberger était un financier très riche. Accusé d'avoir empoisonné sa femme (cela pouvait arriver à l'époque !) il se réfugia à Lyon en 1531.
Là, à cause de sa générosité, notre Marchand qui ne ressemblait pas du tout à Barbe-Bleue, mais avait un cour à la dimension de sa fortune, gagna le surnom de "Bon Allemand".
S'il prêtait aux rois, il donnait aussi aux pauvres, il fit un don de 500 livres au Consulat lors d'une épidémie de peste, au Bourgneuf, il dotait les filles en mal de mariage.
En 1545, il fut nommé conseiller échevin de la ville de Lyon.
Il mourut en 1546, non sans laisser que de bons souvenirs jusqu'à nos jours !

Et bien, Cléberger c'est notre "Homme de la Roche"  et la Belle Allemande n'est autre que sa  fenotte (la deuxième sans doute) qui était fort jolie, paraît-il, et répondait au beau nom de  Pelonne de Bouzin (sic : on peut s'appeler ainsi sans être pour autant une roturière!). Par la suite on donna naturellement à leur propriété dominant la Saône, rue d' Ypres, le nom de "Belle Allemande", surnom de madame Cléberger. De même la rue s'appela "rue de la Belle Allemande".

Dès le XVI° siècle, on avait élevé dans la grotte du Bourgneuf (quai Pierre-Scize) une statue à un bienfaiteur anonyme. Lorsque cette statue très abîmée fut remplacée, en 1820, on identifia l'Homme de la Roche comme étant Cléberger, le bon Allemand. En 1849 on remplaça une nouvelle fois la statue détériorée et la municipalité inaugura en grande pompe, le 16 septembre, celle que nous voyons de nos jours.

Si un jour vous passez sur ce quai, limité à 50 kilomètres/heure (!),
ayez une pensée pour cet homme dont les richesses n'avaient pas fermé le cour. moi je pense aussi à sa belle !

Le gone.