La complainte de Mandrin
Nous étions
vingt ou trente,
Brigands dans une bande,
Tous habillés de blanc,
A la mod' des... Vous m'entendez ?
Tous habillés de blanc,
A la mod' des marchands.
-
La première
volerie,
Que je fis dans ma vie,
C'est d'avoir goupillé,
La bourse d'un... Vous m'entendez ?
C'est d'avoir goupillé,
La bourse d'un curé.
-
J'entrai dedans
sa chambre,
Mon Dieu qu'elle était grande !
J'y trouvais mille écus,
J'y mis la main... Vous m'entendez ?
J'y trouvais mille écus,
J'y mis la main dessus.
-
J'entrai dedans
une autre,
Mon Dieu qu'elle était haute !
De rob's et de manteaux,
J'en chargeai trois... Vous m'entendez ?
De rob's et de manteaux,
J'en chargeai trois chariots.
-
Je les portai
pour vendre,
A la foire de Hollande.
J' les vendis bon marché,
Ils n' m'avaient rien... Vous m'entendez ?
J' les vendis bon marché,
Ils n' m'avaient rien coûté.
-
Ces Messieurs de
Grenoble,
Avec leurs longues robes,
Et leurs bonnets carrés,
M'eurent bientôt... Vous m'entendez ?
Et leurs bonnets carrés,
M'eurent bientôt jugé.
-
Ils m'ont jugé à
pendre,
Ah ! C'est dur à entendre !
A pendre et étrangler,
Sur la plac' du... Vous m'entendez ?
A pendre et étrangler,
Sur la plac' du marché.
-
Monté sur la
potence,
Je regardai la France.
J'y vis mes compagnons,
A l'ombre d'un... Vous m'entendez ?
J'y vis mes compagnons,
A l'ombre d'un buisson.
-
"Compagnons de
misère,
Allez dire à ma mère,
Qu'ell' ne me verra plus,
J'suis un enfant... Vous m'entendez ?
Qu'ell' ne me verra plus
J'suis un enfant perdu."
Issue de l'opéra de Rameau "Hyppolite et Aricie"
qui date de 1733
reprise par un anonyme en 1755
cet anonyme l'a intitulé "la complainte de Mandrin"...
Paru à Lyon en clôture du livre "Précis de la vie de Louis Mandrin"