21 - La CROIX-ROUSSE, brève histoire :  Quand la Croix-Rousse devient Lyon 4°



Bonsoir, revoilà le Gone qui va vous parler d'abord de Napoléon dit  "le petit" !

Charles Louis Napoléon BONAPARTE s'était fait élire à l'Assemblée  Constituante de la Deuxième République en avril 1848 et par crainte  bourgeoise du  "péril rouge", il fut encore élu à une large majorité  à la présidence de la République le 10 décembre 1848.

Charles Louis Napoléon était le neveu de Napoléon 1°, puisque fils de  son frère Louis et d'Hortense de Beauharnais.
Cette Hortense était elle-même fille d'un premier mariage de  Joséphine, ex Madame de Beauharnais puis Impératrice par son deuxième  mariage avec Napoléon 1°. Nous savons que comme cette Joséphine ne  lui donnait pas d'héritier, son impérial mari fit casser son mariage  en 1810 (c'est plus facile quand on est puissant !) pour épouser  Marie Louise fille de l'Empereur d'Autriche François 1°.
Il faut bien que je fasse de la généalogie de temps en temps, mais ce  n'est pas forcément facile avec les grands de ce monde ! Et la  famille Bonaparte (j'allais dire "mafia", que les Corses me  pardonnent s'ils le peuvent !...) est assez nombreuse et compliquée.

Mais revenons à notre Charles Louis Napoléon !
Elu Président de la 2° République, tout en se présentant comme le  protecteur du monde des ouvriers, il laissa les conservateurs de  l'Assemblée mener une politique réactionnaire et le 2 décembre 1851,  donc un an plus tard, par un coup d'Etat, il assure le retour au  régime impérial. Finalement nos Voraces n' avaient peut-être pas tort  de se faire du souci pour l'avenir de la République et Napoléon III  deviendra la  "bête noire" des clubs ouvriers.
En janvier 1852, en effet, une Nouvelle Constitution restreint le  pouvoir législatif au profit de l'exécutif et le deux décembre 1852  (décidément notre homme aime célébrer à sa manière, l'anniversaire de  la victoire d'Austerlitz !), après un nouveau plébiscite, Charles  Louis Napoléon est proclamé Empereur du Second Empire qui sera une  véritable dictature à ses débuts. Il prend le nom de Napoléon III,  laissant au jeune duc de Reichstadt défunt, alias Roi de Rome, le  titre de Napoléon II.

Permettez moi de noter encore qu'en 1853, Napoléon III épousa une  comtesse espagnole du nom de Marie Eugénie de Guzman y Montijo  (1826-1920) qui devint ainsi l'Impératrice Eugénie.  Là je voudrai  amener un point d'histoire "capital" inconnu et peut-être que  certains jugeront tiré par les cheveux !  Quand la belle Eugénie  venait à Lyon, elle confiait sa tête à mon trisaïeul, André Greffe  qui tenait, au rez de chaussée de l'Hôtel de l'Europe (situé rue  Chambonnet actuelle) où descendait Sa Majesté, un salon de coiffure  assez à la mode. Mais pas un cheveu d'Eugénie n'est resté dans la  famille !

Si  j'ai fait cette longue introduction d'histoire nationale, c'est  bien sûr pour mieux situer, à quelques cheveux près, la suite de  notre histoire de la Croix-Rousse à laquelle je reviens.

Napoléon III nourrissait une méfiance totale envers notre bonne Ville  de Lyon et il y enverra les hommes les plus à poigne du marché  politique tels que le grand préfet Vaisse ou le redoutable Maréchal  de Castellane dont j'ai eu à parler il y a quelques temps.
Il faut dire qu'il avait quelques raisons pour cela. Lyon n'était- elle pas la ville qui en 93 s'était soulevée contre le pouvoir  central ?  Et dans les dernières années écoulées Lyon ne s'était-elle  pas illustrée par les diverses révoltes que nous avons vues, révoltes  fomentées à partir de ses faubourgs ?
Si aux dernières élections la ville avait voté  dans le sens du  Président, sans grande convictions d'ailleurs, les faubourgs avaient  franchement voté "rouge".
C'est dans ce contexte que notre commune de la Croix-Rousse va  disparaître et devenir Lyon 4°.

Comme j'y avais déjà fait allusion (chapitre 19) des dissensions  récurrentes traversaient depuis longtemps la ville et le faubourg. 
L'idée du rattachement de la Croix-Rousse à Lyon pour contrôler par  une seule et même police urbaine ses éléments douteux mais aussi  soumettre ses habitants aux mêmes impôts lyonnais, avait fait un  certain  chemin.
Et voici que le 16 mai 1851 Léon Faucher, Ministre de l'intérieur,  déposa à l'Assemblée un projet de loi dans lequel il s'agissait de  réunir les faubourgs à la ville et de faire du tout une seule  agglomération lyonnaise afin, selon l'expression du Ministre, "de  faire régner l'ordre et d'assurer la tranquillité dans une grande  citée trop souvent agitée par l'émeute".
Le 19 du même mois de mai, 448 députés contre 214 adoptèrent la loi.
Le 24 Mai 1851 le décret tomba : "Les communes de la Guillotière, la  Croix-Rousse et Vaise sont réunies à la commune de Lyon".
De plus c'est le Préfet, centralisation autoritaire oblige,  qui  devient Maire de Lyon. Il exercera ses fonctions de police non  seulement sur les trois faubourgs réunis à la ville, mais encore sur  Caluire, Oullins et Sainte Foy. Les Maires d'arrondissement garderont  seulement des responsabilités secondaires : Eclairage public,  nettoyage des rues,  entretien des voies secondaires et des bâtiments  publics par exemple.

L'affaire avait été rondement menée, la mesure était dictatoriale, et  il n'y aura même pas de réaction. Lyon mise sous tutelle d'un Préfet- Maire vit quand même satisfait son désir d'absorber ses faubourgs. La  Croix-Rousse, quant à elle n'eut pas à donner son avis. mais comme  nous le verrons la prochaine fois, en devenant le 4° arrondissement  elle aura au moins les avantages d'être traitée comme la Ville dont  elle faisait dorénavant partie intégrante !

Voilà mes belins, mais je vous sens tout ébravagés tandis que je  ferme cette page. il ne faut pas vous laisser retourner les sangs  comme ça ! Notre Croix-Rousse, elle n'est pas encore défuntée, elle  n'a pas fait tout son temps, elle a même encore de beaux jours devant  elle ! Allez, ménagez-vous, à vous revoir la semaine que vint !

Le Gone.