L'histoire de la Savoie

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Avant l'arrivée des Savoyards

En 443 après JC, les Burgondes vaincus par Aetius s'installent en Savoie,
où le Christianisme se développe. En 534, lors de l'annexion du royaume de Bourgogne par le fils de Clovis,
la Savoie est incorporée au royaume Mérovingien.

Du VIIe au Ve siècle av. J.-C., l'invasion des Celtes Allobroges refoule dans les hautes vallées les Ligures.
Dès 121 av. J.-C. les Romains soumettent les Allobroges et, malgré leur résistance, parviennent à les incorporer
à la Provincia romaine. La future Savoie forme alors un important nœud routier conduisant d'Italie à Genève et
à Vienne. L'évangélisation du pays a été assez tardive (formation des diocèses de Genève et de Grenoble, puis
de Maurienne). Au IVe siècle apr. J.-C., le terme de Sapaudia (Savoie) apparaît pour la première fois.
En 443, Aetius, chef de la milice romaine des Gaules, cantonne dans la région les Burgondes, à titre de fédérés
de Rome. Ceux-ci forment un royaume à la chute de l'Empire romain d'Occident, dont la capitale est Genève,
mais qui tombe entre les mains des fils de Clovis (534).

Jusqu'à l'époque de Charlemagne, début du IXe siècle, la Savoie fait partie soit de l'empire romain, soit de
l'empire franc et n'a pas de destin autonome. Les choses se corsent après le traité de Verdun en 843.

Au 9e et 10e siècle, le morcellement de l'empire de Charlemagne voit la Savoie passer de main en main, à Lothaire
en 843, au royaume de Bourgogne (933) puis au St Empire (1032).

dioceses

Les petits fils de Charlemagne se disputent l'héritage du Grand-père et partagent son empire en 3 :
  • royaume de Francie occidentale (en gros, la France),
  • royaume de Francie orientale (en gros, l'Allemagne)
  • et au milieu des 2 royaumes, Lotharingie.
    Malheureusement, les rois de Lotharingie (les Rodolphiens) n'arrivent pas toujours à se faire obéir des grands propriétaires, seigneurs, comtes et marquis. Ces familles cherchent à agrandir leurs domaines aux dépens des voisins et certaines deviennent très puissantes voire menaçantes pour le pouvoir royal. Heureusement, l'église catholique est souvent du côté du pouvoir royal (à condition que celui ci soit reconnaissant).

    Dès le Ve siècle, l'église a organisé des diocèses, sur l'ancien découpage administratif romain. A la tête de chacun d'eux, un évêque (souvent adroit et énergique) veille à la nomination des prêtres, à la prédication; il s'assure de la bonne pratique religieuse des ouailles qui lui sont confiées; il est donc très influent.


    La naissance de la Savoie

    La Savoie revient alors au royaume de Provence (879), puis à celui de la Bourgogne Transjurane (888) et, enfin, au second royaume de Bourgogne (934), qui réunit les deux précédents et se maintient pendant un siècle. Les invasions sarrasines et hongroises des IXe et Xe siècles vont dévaster le pays. Rodolphe III, enfin, est contraint d'abandonner sa couronne à l'empereur Conrad II; à sa mort (1032), le second royaume de Bourgogne, avec la Savoie, est réuni au Saint Empire romain germanique. En réalité, cette union est purement symbolique: les féodaux - surtout avec les comtes de Genève au nord, et la famille d'Humbert aux Blanches Mains au sud et à l'ouest - restent, en fait, maîtres du pays.

    Au IXe, Les rois rodolphiens s'appuient sur les évêques pour contrer le pouvoir des grandes familles: les évêques obtiennent le droit (les droits comtaux) de rendre justice, de percevoir les taxes, de contrôler les foires et les marchés. Bref, les droits qui permettent aux grands seigneurs de s'enrichir et d'imposer leur pouvoir aux populations. A partir de là, les conflits entre seigneurs et évêques deviennent si nombreux qu'il est impossible de les suivre en détail : Par exemple, Moûtiers appartient à l'évêque mais le comte de Savoie possède Salins, à l'entrée de la ville. Les fonctionnaires du comte contrôlent donc les entrées de la cité épiscopale et créent de multiples incidents. A la suite de ceux-ci, ils font le siège de Moûtiers en octobre-novembre 1335, s'en emparent et font démanteler les fortifications. En Maurienne, le comte de Savoie organise une révolte de paysans sur les terres de l'évêque (la révolte des Arves); l'évêque doit alors faire appel au comte pour mater la révolte. En échange, celui-ci obtient l'abandon du pouvoir temporel de l'évêque de Saint-Jean de Maurienne. Genève est sous le contrôle de l'évêque; celui-ci possède le château de l'Ile mais le comte de Genève possède le château du Bourg-de-Four. Le comte sera obligé de quitter Genève pour résider à Annecy.

    La famille d'Humbert aux Blanches Mains unit la Savoie sous son autorité. Dès 976, elle prend le comté de Savoie et y ajoute peu à peu ceux de Saint-Maurice, de Belley, du Val d'Aoste, de Sion. Au XIe siècle, les provinces de la Maurienne, du Chablais, de la Tarentaise et de la Marche de Turin assoient la maison de Savoie de part et d'autre des Alpes, dont elle commande dès lors le passage. Les ordres religieux (principalement les Cisterciens) contribuent, au XIIe siècle, à la renaissance économique du pays. La période qui s'étend du XIIIe au XVe siècle voit les comtes de Savoie accroître l'étendue de leurs possessions en particulier sous Pierre II (1263 - 1268) : Vaud, Valais, Chambéry (acquis en 1232), Piémont et Lombardie. Au XVe siècle, le comté de Genève et le Piémont sont réunis sous l'autorité de la Savoie, laquelle est érigée en duché, en 1416, par l'empereur Sigismond, au profit d'Amédée VIII.

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    Du 15e au 16e siècle, au sein des états de la maison de Savoie, dont les chefs portent après 1416, le titre de duc, le Piémont, incorporé par Amédée VIII en 1419, acquiert la prédominance, tandis que la Savoie proprement dite n'étant plus qu'une possession "secondaire", qui conserve sa langue, le Français, n'en constitue plus qu'une petite partie. À partir du XVIe siècle, on verra la décadence des ducs de Savoie, provoquée par leurs ambitions territoriales tournées vers l'Italie: perte de Genève; occupation de la Savoie par la monarchie française, de 1556 à 1559; à cette date, avec le traité de Cateau-Cambrésis, Emmanuel-Philibert de Savoie reprend possession de ses États, qu'il s'emploie à restaurer après les dévastations. Mais la paix ne dure pas, et en 1600, les armées de Henri IV envahissent la Savoie. En 1601, la France mène une politique d'annexion en Savoie au traité de Lyon, Henri IV obtient, contre la cession de Saluces, la Bresse, le Bugey, le Valromey et le pays de Gex. Louis XIII envahit encore le pays et obtient la cession de Pignerol (1631). Louis XIV traite la Savoie en État vassal, l'occupe en 1689, puis de 1703 à 1713. Les traités d'Utrecht contraignent les Français à l'évacuer. Les États de la maison de Savoie deviennent monarchie, par adjonction du royaume de Piémont-Sardaigne et en 1720, le duc de Savoie devient roi de Sardaigne. Puis la Savoie est occupée par les Espagnols, alliés de la France, et ne retrouve son indépendance qu'en 1748 (traité d'Aix-la-Chapelle).


    L'annexion de la Savoie

    Après la Révolution française, la Savoie est rattachée deux fois à la France, en 1792 et définitivement en 1860. En novembre 1792, la Savoie est annexée pour répondre, selon le rapporteur de la Convention, Grégoire, à l'appel de la souveraineté nationale et dans l'intérêt de la Savoie et de la France. Elle forme alors le département du Mont-blanc et une partie de celui du Léman. Mais, dès le mois de février suivant, le mécontentement se fait jour, prolongé peu après par des révoltes. La déchristianisation gagnant la France, le clergé savoyard manifeste davantage son opposition, puis les ordres de levées militaires rencontrent des difficultés grandissantes.

    En revanche, après la signature du traité de Paris (1796), par lequel le roi Victor Emmanuel Ier cède la Savoie et Nice, la domination française s'installe plus solidement, favorisée par un certain essor économique, surtout de 1800 à 1801. Ensuite se manifestent diverses oppositions: résistances accrues à la conscription, hostilité au maintien des institutions révolutionnaires entretenue par le clergé et la noblesse surtout.

    En mai 1814, au premier traité de Paris, Victor Emmanuel Ier de Sardaigne retrouve la partie est (Chablais, Faucigny, Tarentaise, Maurienne), elle fera partie de son royaume jusqu'en 1858, l'ouest étant laissé à Louis XVIII. Le second traité de Paris (novembre 1815) restitue toute la Savoie au royaume de Piémont-Sardaigne, rétablissant l'unité et le retour à la monarchie traditionnelle. Même si une certaine opposition se forme entre 1815 et 1848, les mouvements d'agitation (1830-1834) restent insignifiants et les idées libérales (1847) progressent peu. Plus sérieuse, mais se soldant pourtant par un échec, l'équipée des ouvriers républicains lyonnais, qui occupent Chambéry en mars-avril 1848 (expédition des Voraces), n'est pas sans conséquences. Elle donne au pays, d'ailleurs peu sensible aux élans italiens pour la libération de la péninsule, l'impression que le gouvernement de Turin n'a rien fait pour le défendre. Par ailleurs, elle accroît l'hostilité des conservateurs catholiques à toute entreprise républicaine française; en revanche, elle prépare ces derniers à donner leur adhésion à une annexion de la Savoie à la France quand celle-ci sera passée sous régime impérial. La question du rattachement de la Savoie à la France n'est réglée qu'en avril 1860, par le traité franco-italien du 24 mars 1860, sanctionné par le référendum du 22 avril (politique des "compensations" menée par Napoléon III, qui soutient l'unification italienne). En échange de l'aide apportée en Italie contre les Autrichiens, Napoléon III reçoit en échange le comté de Nice et de Savoie.
    La Savoie est alors divisée en deux départements: la Savoie et la Haute-Savoie.


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