La Gabelle
Le mot 'Gabelle' est un terme général s'appliquant à toute espèce d'impôts : il y a une gabelle des vins, une gabelle des draps... etc. Mais, de bonne heure l'habitude fut prise de l'appliquer seulement à l'impôt sur le sel. Le sel fait partie de cette catégorie de denrées indispensables à la population depuis toujours.
Il était établi par commune un recensement des redevables (les chefs de famille) avec les indications nécessaires à une estimation équitable de la taxe selon la composition du foyer du redevable (épouse, enfants, bétails selon leur nature, …) mais aussi la profession quand elle revêtait une importance par rapport à une plus grande utilisation de sel pour certains artisans ou commerçants…
La France fut alors partagée en six régions. La plus grande partie du royaume était soumise au régime de «grande gabelle». En Île-de-France, Orléanais, Berry, Bourbonnais, Perche, Bourgogne, Champagne, Picardie, Normandie, Maine, Anjou, Touraine, le sel était fortement taxé, Non seulement le sel y était très cher, mais encore la consommation d'une certaine quantité minimum de sel y était obligatoire : un minot de sel (12 litres réputés peser 100 livres ) par quatorze personnes au dessus de huit ans; et cela pour pot et salière seulement, le sel destiné aux salaisons était tout différent et devait être levé en sus. Cette vente était néanmoins volontaire parce que l'on pouvait acheter quand on voulait et parce que les pauvres pouvaient s'approvisionner au détail, et même ne prendre que la quantité de sel qu'ils voulaient. Quoique, en principe, nul n'en fût exempt, certains bénéficiaient du privilège de «franc-salé» qui les dispensait de cette obligation et les faisait bénéficier d'un prix réduit.
Le prix d'achat aux marais salants fut fixé en 1711 à 410 livres le muid ( 1 muid = 48 minots ). Le prix de vente varia beaucoup sous l'ancien régime, mais, sous Louis XVI, l'état vendait le sel environ 70 fois le prix qu'il l'avait acheté.