La ficelle à Lyon

 

par Marc ROCHET

un Gone passionné de généalogie et de l'histoire de sa ville.

Récit envoyé en décembre 2004 sur la liste de généalogie "genrhoneloire"

 

(mis en ligne et en image par mes soins)

 

 

 

 

Dans cette "histoire de ficelle" vous trouverez

 

1°) La ficelle de la rue Terme pour la Croix-Rousse,
2° ) La ficelle de la place Croix-Pâquet toujours pour la Croix-Rousse,
3°) La ficelle de St Jean pour St Just,
4°) La ficelle de St Jean pour Fourvière,
5° La ficelle de St Paul pour Fourvière et Loyasse.

Bibliographie

 

       

On aurait pu appeler LYON, à la fin du XIX e siècle, la "ville des ficelles" car il y en a eu jusqu'à cinq !
Il ne s'agit pas bien sûr de l'esprit de ses habitants qui sont tout sauf des gens à l'esprit ficelle (d'une probité douteuse) !


Il s'agit bien des funiculaires qui dès le début, nous verrons pourquoi, furent appelés "ficelles" par les habitants !


Et s'il y eut tant de ficelles à Lyon, nous le devons d'une part à la topographie de la ville avec ses collines, celle qui travaille, la Croix-Rousse, et celle qui prie, Fourvière (Ste Foy, quant à elle n'eut jamais de funiculaire mais le premier tramway électrique de la ville, mais c'est là une autre histoire que je pourrais vous narrer.), nous le devons d'autre part à l'ingéniosité des ingénieurs et techniciens de notre bonne ville au 19°.


Dans l'ordre chronologique, nous avons  :

La ficelle de la rue Terme pour la Croix-Rousse,
La ficelle de la place Croix-Pâquet toujours pour la Croix-Rousse,
La ficelle de St Jean pour St Just,
La ficelle de St Jean pour Fourvière,
La ficelle de St Paul pour Fourvière et Loyasse.


Je vous invite à les prendre avec moi, l'une après l'autre, en veillant à ce que les lourdes portières soient bien fermées, ou, si nous nous trouvons sur une plateforme, que toutes les chaînes, qui nous empêcheront de tomber sur la voie, soient bien accrochées !

1°) La Ficelle de la Rue Terme.

 

       
 

Alors que la population de la Croix-Rousse nouvellement rattachée à Lyon (1852) se développait et que la communication entre la ville et ce nouvel arrondissement ne pouvait se faire presque exclusivement par la Grand Côte (anciennement grande côte de St Sébastien) selon le tracé d'une ancienne voie romaine, un besoin urgent se faisait sentir d'inventer une nouvelle voie de communication.


Après plusieurs projets non réalisés, ce sont les ingénieurs Molinos et Pronier préconisent le procédé déjà proposé par d'autres inventeurs mais révolutionnaire, celui de deux voitures reliées par un câble, montant et descendant  sur des voies parallèles (en descendant, montez donc !), l'une servant de contrepoids à l'autre.


Ces promoteurs fondent alors la Compagnie du chemin de fer de Lyon à la Croix-Rousse et obtiennent une concession pour une ligne reliant la rue du Jardin des Plantes au boulevard de la Croix-Rousse, boulevard qui avait été tracé sur l'emplacement des remparts, alias les fossés de St Sébastien, complètement détruits en 1865.


La construction du funiculaire qui sera une grande première au monde durera trois ans.
En creusant le tunnel on tombera sur un gros bloc impossible à découper sur place, il sera donc hissé avec les difficultés que l'on imagine sur le Boulevard pour devenir le "gros cailloux, célèbre emblème du quartier.

 

Le Gros Caillou

Selon la légende, le Gros Caillou représente le coeur d'un huissier cupide, qui se chargea de mettre à la rue une famille de canus sans le sou.

Pour cet acte, dieu le condamna à pousser cette pierre jusqu'à ce qu'il trouve quelqu'un de plus cupide que lui afin de prendre le relais, ce qui explique la taille du gros caillou.

Mais plus sérieusement, il date de l'époque glacière et fut déterré en 1892 lors du percement de la ficelle reliant la Presqu'Île à la Croix Rousse.


Napoléon III en personne vint visiter le chantier,  la curiosité pour cette entreprise dépassait largement les limites de la ville.


Pensez, une ligne de 485 mètres de long selon une pente de 16,058 cm par mètre. un trajet de trois minutes par rames de 320 passagers et cela à raison de 20 trains par heure aux heures d'affluence. Quel événement  et surtout pour tous ceux qui peinaient, suaient, soufflaient en gravissant la Grand Cote !

Avant sa mise en service ce premier métro au monde dut subir  une épreuve de freinage de secours par lâcher de câble. On frisa alors la catastrophe, le convoi dévala la pente et buta contre un poteau qui soutenait la toiture de la gare inférieure qui s'écroula sur le train.


On s'en tira avec quelques égratignures pour Molinos qui était dans l'un des wagons. et 40.000 francs de dégât. On dut remplacer les wagons à impériale, trop lourds et améliorer le système de freinage.
Enfin l' inauguration de la ligne eut lieu le 3 juin 1862. 6.000 Lyonnais voulurent essayer, ce jour-là, le nouveau "chemin de fer à la corde" qu'ils baptisèrent vite "ficelle".


Les voitures à chevaux pouvaient embarquer, sans dételer, sur des trucks spéciaux, on venait d'inventer le fameux ferroutage !


Un an plus tard à côté de la gare supérieure de la ficelle, on construira la gare de la "galoche", ligne de chemin de fer qui desservira le camp militaire de Sathonay, puis d'autre lignes verront le jour en cet age d'or du chemin de fer à la Croix-Rousse : Compagnie des Dombes et du Sud-Est pour gagner Bourg, Compagnie du Rhône pour gagner Trévoux.

2°) La Ficelle de la place Croix-Paquet.

 

                  



Pour accéder à la ficelle de la rue Terme, qui partait en fait de la rue du Jardin des Plantes, il fallait que les voitures à chevaux gravissent la pente de la rue Terme à l'aide de chevaux de renfort qu'un riverain avisé louait à cet endroit .


Aussi en 1885 Antoine Poy fait le projet d'un  nouveau funiculaire entre la place Croix-Paquet et toujours le boulevard de la Croix-Rousse et le 12 avril 1891, la "Compagnie du chemin de fer de Croix-Pâquet à Lyon Croix-Rousse" commence son service concurrent avec un prix de ticket à 5 centimes, moitié moins cher que celui de la rue Terme.


Une compagnie filiale de Tramways vers Caluire assure la correspondance avec cette nouvelle ficelle.

En 1898 la Compagnie OTL (Omnibus Tramways de Lyon) rachète la majorité des actions du funiculaire de la rue Terme et en 1914 la majorité des actions de la ficelle de Croix-Paquet : Toute concurrence sera donc supprimée et l'usager en fera les frais !

En 1962 la ficelle de la rue Terme fête son centenaire, mais 5 ans plus tard, en 1967,  elle disparaît pour laisser la place à la bagnole triomphante dont nous mourrons à petit feu en ville : sur la pente de la ficelle, on crée une sorte d'autoroute qui contribuera aux embouteillages. Le soi-disant progrès n'allant pas forcément de paire avec la qualité de vie !


Quant à l'autre ficelle de la Croix-Rousse, elle aura plus de chance en étant remplacée par la ligne C du métro qui continue son chemin sur le tracé de l'ancienne galoche c'est certes plus rapide et plus confortable, mais cela ne procure certes plus les sensations que donnait l'ancienne ficelle...
 

     

3°) La ficelle de St Just.

Dès 1872 s' était créée une nouvelle société : La compagnie du chemin de fer de Lyon à Fourvière et St Just au capital de 3.500.000 Francs :


Je vous laisse le soin d'évaluer ce que cela représenterait de nos actuels Euros, j'en ai aucune idée !
Le projet consiste en la construction d'un tunnel  entre St Jean et St Just avec une station aux Minimes et de cette station, une bifurcation vers Fourvière étant prévue pour un deuxième temps.


Rien que pour relier St Jean aux Minimes puis à St Just les difficultés techniques n'étaient pas minces sur une ligne longue de 842,24 mètres très exactement ! Le premier tronçon était incliné à 18,14 % et le deuxième à 6,10 %, aussi  le treuil à vapeur se révéla incapable de supporter les variations de la tension du câble.


Mais ce genre de difficulté n'est pas fait pour arrêter des lyonnais, surtout quand ils sont ingénieurs en cette fin du XIX° !  Ils inventèrent donc un système de wagon compensateur bien taré afin que l'équilibre de l'ensemble soit parfait quand on l'accrochait ou le décrochait de la rame arrivant aux Minimes. Je ne vois pas bien comment cela se passait mais il paraît que cela se passait bien !  C'est un peu comme l'informatique pour un esprit comme le mien, l'essentiel c'est que ça marche et c'est assez souvent le cas !


Ainsi la nouvelle ligne devient opérationnelle le 8 août 1878, donc avant la ficelle de Croix-Paquet, contrairement à ce que j'avais laissé entendre.

 


A partir de la gare de St Just, la compagnie créera en  1886, une nouvelle ligne de chemin de fer vers Vaugneray et Mornant.
Ah ! le petit train de Vaugneray, quel merveilleux souvenir du gone de la guerre que j'étais quand ma mère m'emmenait pour tenter de ramener quelques légumes du Marché de Vaugneray alors que mon père purgeait de trop longues vacances en Allemagne ! Mais laissons là ces souvenirs trop personnels. Tout cela a disparu alors que nous aurions aujourd'hui un site merveilleux pour un transport en commun, métro ou tram desservant toute cette partie de l'agglomération lyonnaise. mais, je ne sais pas si je vous l'ai dit, on ne m'a pas consulté avant de procéder
à cette suppression !


Mais revenons à notre ficelle et à notre compagnie qui devint à ce moment là la F.O.L., "Fourvière-Ouest-Lyonnais".


En 1891 la compagnie demande au pouvoirs publics l'autorisation de construire un tunnel entre les Minimes et Fourvière pour regagner la nouvelle église, la basilique qui commencée en 1872, était achevée pour l'essentiel de la construction depuis 1884 (le 2 juin).
Mais cette autorisation ne fut pas accordée sans que l'on sache bien pourquoi aujourd'hui. La F.O.L. dut donc s'orienter vers le projet de la ficelle de Fourvière dont il sera question après.
Cependant, ,notre F.O.L. jamais à court de projets (les plus fous !),imagine de relier Mornant, Vaugneray, St Just, St Jean, le centre de la presqu'île par des trains directs !


Les autorités organisent  alors un référendum, c'est toujours ainsi quand elles sont perplexes, à partir de cette question "Approuvez-vous le prolongement, jusqu'à l'extrémité de la rue Childebert à Lyon, du funiculaire de Saint Just au moyen d'une ligne de Tramway à traction électrique ?". Bien sûr les commerçants de St Jean, comme ceux qui récemment étaient contre notre nouveau tramway, sont opposés à ce projet qui remporte néanmoins 3.111 oui contre 2.217 non !


Encouragée alors, la F.O.L. remplace notre ficelle par un train à crémaillère, celui qui, bien plus tard (quand même !) fut témoin de mes allées et venues à l'école.
C'est une crémaillère de fabrication Suisse qui est mise en place, mais la F.O.L. abandonna finalement son projet de prolongement en presqu'île devant les difficultés techniques qu'il présentait. Il paraît que le remorquage des rames trop lourdes de la crémaillère risquait de faire dérailler à chaque instant la motrice.


Mais heureusement qu'elle était là, cette crémaillère, pour me faire un peu oublier les affres de ma scolarité !  C'était surtout le truck qui me ravissait, engin d'un tout autre âge, digne des inventions de  Léonard de Vinci. Dans un bruit, ou plutôt un vacarme qui reste encore dans mes oreilles, il emportait dans les courants d'air et sous les nombreuses gouttières du tunnel (sans parler de la graisse qui pouvait s'échapper de la poulie de la perche !), des passagers tassés debout sur la plateforme, là où les vélos et les charrettes des marchands de légumes revenant du marché de gros des quais de Saône, leur laissaient un peu de place. Tout cela bien sûr après que le chef de train ait accroché les chaînes qui entouraient la plateforme et donné un coup de corne (il n'en avait qu'une !) en direction des deux machinistes enfermés dans une étroite cabine.

 

Machinerie du funiculaire Croix-Paquet (1891-1873), cliché René Basset


Le premier janvier 1911,  l' O.T.L. se substitue à la F.O.L. mais ne change rien à l'exploitation, quatre trains ou trucks pouvant rouler simultanément sur la ligne.
En 1958, enfin l'antique crémaillère est remplacée par une nouvelle ficelle, toujours de fabrication suisse qui, avec celle de Fourvière, perpétue avec bonheur, ce moyen de locomotion bien lyonnais.
 

4°) La ficelle de Fourvière.

Tous les lyonnais l'ont prise au moins une fois dans leur vie, si ce n'est pour des dévotions à N-D de Fourvière, qu'elle soit dorée ou noire, c'était au moins pour admirer le magnifique panorama qui, certaines veilles de jour de pluie, s'étend jusqu'aux Alpes. Le lyonnais toujours optimiste et qui sait bien voir venir le temps ne dit-il pas "Aujourd'hui on aperçoit les montagnes, ce n'est pas bon signe pour demain !"


Alors si vous venez un jour à Lyon pour la première fois n'hésitez pas, prenez la ficelle la plus vertigineuse entre toutes et montez à Fourvière, vous ne serez pas déçu !


Certes vous n'aurez plus le choix entre les premières et les secondes classes comme dans les voitures que j'empruntais tenant la main de ma mère dans mes tendres années (nous prenions le plus souvent les  secondes classes, laissant le petit compartiment des premières avec ses deux bancs recouverts de rotin à ces Messieurs en soutanes de l'Archevêché et là, au moins, je pouvais voir le tunnel dans toute son enfilade!). Vous n'entendrez plus le claquement des lourdes portières à poignées de cuivre, suivi du coup sec de leur verrouillage par une longue tringle que l'employé actionnait en prenant place dans sa cabine. Arrivé dans la gare supérieure vous ne serez plus dominé par le machiniste qui actionnait les puissant moteurs du haut d'une espèce de vigie lui permettant de voir les 431 mètres de la ligne.

 

Maintenant tout est automatique. Seuls subsistent deux employés, un par wagon, chargés d'appuyer sur un bouton pour ouvrir et fermer les portes et sur un autre pour commander le treuil qui lui est toujours aussi impressionnant. Cependant vous aurez peut-être, comme moi, ce petit pincement au cour ou ailleurs, en vous disant "et si le câble craquait !". Même si, en montant, vous avez remarqué dans la cabine la manette rouge, munie d'un plomb, du frein de secours, même si vous avez été rassuré par la grosseur de la "ficelle" qui tire la voiture, vous conviendrez avec moi qu' une pente de 30 % ça doit se dévaler assez vite !  Mais ne vous faites pas de souci notre Bonne Mère, à nous les Lyonnais, veille et cela n'est arrivé qu'une seule fois dans une carrière de plus d'un siècle de cette ficelle et je vous raconterai comment, il n'y eut d'ailleurs pas mort d'homme. La Vierge veille, c'est certain... mais aussi les services de la compagnie qui régulièrement interrompent le service pendant une semaine pour une vérification et une révision complète du système : Deux sécurités valent mieux qu'une !

Mais revenons à l'histoire de cette ficelle. J'ai sous les yeux, à la page 108 du livre dont je vous ai parlé, la reproduction d'une affiche de 1878 représentant l'entrée du tunnel de St Just vue depuis la gare inférieure avec ce titre : "LYON A FOURVIERE ET A SAINT-JUST" et sous l'image : "De Lyon à Fourvière : 0 fr. 10 c. - De Lyon à Saint Just 0 fr.15 c.". En effet, à cette époque, il n'y avait qu'un funiculaire et pour aller à Fourvière, il fallait en fait descendre à mi parcours, aux Minimes et continuer à pied...


Vous vous souvenez que la FOL avait envisagé une bifurcation à cet endroit pour rejoindre le sommet de Fourvière, mais, fort heureusement pour le théâtre romain qui reposait tranquillement sous terre oublié de tous, elle  avait essuyé un refus des pouvoirs publics en 1891.


La FOL que décidemment rien n'arrêtait, se lança alors dans le creusement d'un tunnel direct de St Jean à Fourvière pour une ficelle tout à fait indépendante : 431 mètres de ligne selon une pente de 30 % ! Et cette ficelle fut inaugurée tout au début du siècle et commença son long et fidèle service sans encombre jusqu'au jour.


C'était le 10 novembre 1932, la Compagnie OTL avait pris le contrôle de tous les funiculaires depuis 1911, alors que le funiculaire était en révision, la voiture située en gare supérieure reposait sur des crics, quand, sans prévenir, le wagon retomba sur ses rails et se mit à dévaler la pente avec l'accélération que l'on imagine !  Les deux ouvriers qui travaillaient à l'intérieur, eurent-ils le temps de se souvenir de leurs prières ? l'histoire ne le dit pas. Le wagon versa dans la courbe qui précède l'arrivée mais, par miracle ne s'écrasa pas dans la rue Tramassac que cette courbe surplombe et les deux hommes sortirent de là terrorisés mais indemnes :  C'est dire la robustesse du matériel de l'époque !  Mon père, sans doute pour me rassurer, me racontait cette histoire chaque fois que l' on prenait ensemble cette ficelle. Ce fut là le premier et le dernier accident de cet ascenseur pour le ciel !

5°) La ficelle de Saint Paul

Fort heureusement pour moi comme pour vous, il n'y eut que 5 ficelles à Lyon !

Venons en à l'histoire de la dernière qui fut l'histoire d'un fiasco.

Nous sommes en 1897. la Compagnie du Fourvière-Ouest-Lyonnais (notre FOL !) connaît le succès que l'on a vu. Plusieurs personnalités  lyonnaises créent alors la Compagnie du chemin de fer de Lyon-Saint-Paul (la SFPL), pour concurrencer la F.O.L.

Le projet est assez ambitieux car il s'agit en partant de la Place St Paul d'arriver, par un tunnel, à Fourvière, à proximité de la fameuse tour métallique, ce "phare républicain" édifiée en 1893 dont nous avons déjà parlé ailleurs, et, de là, gagner Loyasse, le célèbre cimetière lyonnais, en traversant sur un viaduc la combe séparant Fourvière de Loyasse, pour aboutir enfin Place de Trion au cœur de St Just.

Etablir un funiculaire à partir de St Paul n'était pas dénué de fondement. Il y avait, déjà là, tout à côté, la gare PLM de Saint Paul, et il n'y avait plus qu'à traverser la Saône pour gagner les Terreaux, ce quartier investis par la plupart des négociants en cette fin du 19° siècle.

Mais en fait le projet ne fut jamais totalement réalisé. On construisit le funiculaire, on construisit la ligne de tramway électrique, mais cette dernière ne dépassa jamais Loyasse, terminus provisoire qui devint terminus définitif. mais n'est-ce pas normal pour un cimetière!

La nouvelle ligne, inaugurée le 6 décembre 1900, devint alors la ligne des corbillards, ce qui hors de grandes épidémies quand même pas trop souhaitables, et des fêtes de la Toussaint n'était guère favorable à une rentabilité normale !

La ficelle servait bien à monter le charbon nécessaire à son usine à vapeur située en contrebas de la gare supérieure mais ce n'est pas ce trafic qui pouvait apporter des dividendes aux actionnaires de la nouvelle compagnie !

Le percement du tunnel avait déjà rencontré des difficultés inattendues, retardant la mise en service. Et depuis, ce tunnel connut plusieurs éboulements interrompant l'exploitation de la ligne le temps des réparations nécessaires.

En mars 1908 la F.O.L. rachète les installations et le déficit.

En 1911 l' O.T.L. reprend cette ligne avec l'ensemble de la F.O.L.

Un beau jour de 1923, les Maristes de la montée St Barthélemy situés juste au-dessus du tunnel, constatent des fissures dans leur bâtiment et pendant deux ans il fallut refaire la voûte à cet endroit. De nouveau en 1932 il fallut faire d'autres réparations jusqu'en 1934.

En décembre 1937 l' O.T.L. arrête définitivement l'exploitation de la ficelle et en 1939  celle du tramway.

Ici se termine cette histoire qui  n'avait duré que 37 ans, histoire dont les lyonnais auraient dû au moins retenir que les tunnels pouvaient être le meilleur moyen pour enterrer définitivement ses économies, vous voyez à quoi je veux faire allusion !

Cette histoire, vous pourrez la méditer le long de la magnifique promenade, ouverte ces dernière années, sur le site du tramway de Loyasse, de là, la vue sur la Saône et la colline de la Croix-Rousse est magnifique et l'on ne risque plus de rencontrer des corbillards!

A l'entrée de cette promenade un  panneau avec des photos d'époque évoque le tramway...

 

Bibliographie

Pour vous raconter cette histoire de ficelles, j'ai puisé beaucoup de renseignements dans "Les transports à Lyon" par Guy et Marjorie GORGÉ et René Clavaud (Jean Honoré Editeur 1984).