Le cerf-volant

 

Je suis un assemblage entrecroisé

Sur une toile mince et bariolée, 

Posé négligemment sur le sable,

Inerte, futile et vulnérable

Retenu juste par quelques fils fragiles,

Là, à attendre, simplement, immobile.

 

Puis un coup de poignet ferme mais léger

Me permet enfin de m'envoler

Dos au vent, je me laisse guider

Ravie de pouvoir voltiger,

Flirter avec la brise iodée

Virevolter en toute liberté.

 

Je frémis sous les caresses des courants 

Et les rayons du soleil couchant.

Je me laisse envahir par la vitesse,

Le trouble et le vertige de l'ivresse,   

Piloté adroitement et maintenu dans le vent

Entre mouvement et équilibre chancelant

 

Je flotte et plane en silence, insouciant

Tenu par ce lien magique et enivrant,

Grisé par cette montée fabuleuse

Et ces cabrioles voluptueuses,

Avec l'espoir secret et caché

Que cette magie sera éternité

 

Mais une rafale imprévue

Brise le mince fil tendu

Une vrille tourbillonnante

Me plonge dans la tourmente.

Le rêve s'achèvera t-il avec cette culbute

Ou un sursaut amortira-t-il la chute ?

 

Cris